Quelques « poissons d’avril » vieux d’un siècle
Avec un focus sur l’une des huit cartes postales dédiées aux canulars du 1er avril…
Sous cette bien mystérieuse carte à système rotatif se cache un poisson d’avril doré… Que nous dit aujourd’hui « J’ai le… parapluie ?... pour toi » ? Absolument rien. Au verso, son messager a écrit « N’en tombe pas à la renverse. Merci pour ta lettre. Bons baisers à tous. » Mystère, mystère…
Seul indice… Ces cartes à système portent bien souvent des messages d’amour.
Or à cette époque, un soupirant se désignait par « béguin ». Il faut donc lire « J’ai le béguin pour toi. ».
Seulement quel est le rapport avec le parapluie ?
Béguin est le nom d’une coiffe qui s’attache sous le menton et également le patronyme de l’inventeur d’un parapluie dit parapluie-chinois, un certain Monsieur Béguin, lequel a déposé son brevet d’invention le 2 mars 1877. Il faut savoir qu’au 19e siècle, cet objet est fabriqué dans des matériaux chers, par de la main d’œuvre qualifiée, son prix est assez élevé et on lui porte une attention toute particulière.
Porteurs de fleurs, de bonheur, d’humour et d’amour, les poissons d’avril demeurent au registre des canulars, alors bon 1er avril à tous !
À l’époque, les séjours collectifs pour les enfants battent leur plein, excepté pour les plus jeunes en maternelles car nécessitant des installations bien adaptées. Les architectes étudient le projet, sous l’égide de l’Ufoval, entourés d’enseignants en écoles maternelles, des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active, des Francs et Franches Camarades.
Les constructions proches de la route, derrière le monument des Résistants, toutes en rez-de-chaussée, auront une emprise de 20% du terrain avec six salles à manger, infirmerie, lingerie-buanderie, logement du personnel de maison et services administratifs. En bordure du bois, le centre aéré accueillera des enfants pour la journée seulement : trois bâtiments dédiés aux jeux et sieste des plus petits et deux équipements sanitaires avec douches. Plus loin, tapie dans la verdure, la colonie de vacances comportera quatre espaces « sommeil », un espace « jeux ». Afin d’éviter toute pollution visuelle et atmosphérique, le choix du mode de chauffage se porte sur l’électricité.
L’originalité du projet tient au fait que la Ville d’Annecy souhaite que le site reste ouvert afin que les installations extérieures servent à tous.
En avril 1972, l’achèvement des travaux se profile. On imagine déjà l’accueil de classes de nature et de neige hors des périodes de vacances scolaires. La colonie accueille 60 enfants (trois séjours de 21 jours l’été et 12 jours à Noël et à Pâques). Le centre aéré quant à lui reçoit 120 enfants par groupes de 20. 48 personnes assurent le fonctionnement de l’ensemble. Seulement six kilomètres à parcourir en car pour que les petits Annéciens passent de la ville à la montagne et profitent des jeux au grand air avec au programme, selon la météo : des promenades, des goûters, des travaux manuels, des jeux…
* Les Puisots, lieu aujourd’hui paisible et bucolique, a connu un épisode des plus tragiques de notre histoire locale. Détruit le 15 juin 1944 et ses résidents assassinés, peu de temps avant la Libération du département. Un monument, inauguré en juillet 1945, à la mémoire de cette tragédie se trouve en bordure de la route du Semnoz et en bordure du centre aéré. Autre volet de l’histoire à venir …
À l’époque, les séjours collectifs pour les enfants battent leur plein, excepté pour les plus jeunes en maternelles car nécessitant des installations bien adaptées. Les architectes étudient le projet, sous l’égide de l’Ufoval, entourés d’enseignants en écoles maternelles, des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active, des Francs et Franches Camarades.
Les constructions proches de la route, derrière le monument des Résistants, toutes en rez-de-chaussée, auront une emprise de 20% du terrain avec six salles à manger, infirmerie, lingerie-buanderie, logement du personnel de maison et services administratifs. En bordure du bois, le centre aéré accueillera des enfants pour la journée seulement : trois bâtiments dédiés aux jeux et sieste des plus petits et deux équipements sanitaires avec douches. Plus loin, tapie dans la verdure, la colonie de vacances comportera quatre espaces « sommeil », un espace « jeux ». Afin d’éviter toute pollution visuelle et atmosphérique, le choix du mode de chauffage se porte sur l’électricité.
L’originalité du projet tient au fait que la Ville d’Annecy souhaite que le site reste ouvert afin que les installations extérieures servent à tous.
En avril 1972, l’achèvement des travaux se profile. On imagine déjà l’accueil de classes de nature et de neige hors des périodes de vacances scolaires. La colonie accueille 60 enfants (trois séjours de 21 jours l’été et 12 jours à Noël et à Pâques). Le centre aéré quant à lui reçoit 120 enfants par groupes de 20. 48 personnes assurent le fonctionnement de l’ensemble. Seulement six kilomètres à parcourir en car pour que les petits Annéciens passent de la ville à la montagne et profitent des jeux au grand air avec au programme, selon la météo : des promenades, des goûters, des travaux manuels, des jeux…
Créer une « réserve verte » pour les familles, une idée du début des années 60…
La Ville acquiert un ensemble de prés et de bois en 1963 sur la suggestion d’Alphonse Métral, 1er maire-adjoint, afin de créer une réserve verte pour les familles d’Annecy et de son agglomération. Plus de 8,1 hectares sont achetés, la décision est prise d’aménager un centre aéré et une colonie pour les jeunes enfants de maternelle sur l’initiative de la Caisse d’allocations familiales (CAF) invitée autour d’une table ronde. Candidate, l’Ufoval en accepte la charge. En 1970, le cabinet de Messieurs Morena et Guizzo, architectes, est choisi. Ville et CAF investissent, les communes d’Annecy-le-Vieux, de Cran et de Seynod acceptent de participer au remboursement de l’emprunt destiné au financement des frais de viabilité et d’adduction à l’eau potable. La suite jeudi 24/03 ...
Mademoiselle Jeanne Maurier, devenue Madame Brousse, a vu le jour près d’Aix-les-Bains, à Saint-Pierre-de-Curtille, le 12 avril 1921. À 18 ans, elle est jeune stagiaire à la Préfecture de la Haute-Savoie. Dès les premiers jours de septembre 1939, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, cette « modeste cheville ouvrière de l’administration » est affectée au tout nouveau service des réfugiés, chargé d’accueillir tous ceux qui fuyaient les bombardements, les combats ou encore les persécutions.
Les lois de Vichy, édictées dès octobre 1940, rapidement mises en pratique par le gouvernement Laval acculent les familles juives notamment à fuir pour gagner notre « terre hospitalière », y cherchant refuge ou attirées par la proximité de la Suisse.
Ayant accès aux documents officiels et mus par un sentiment de révolte, elle intervient pour changer l’identité juive, ou autre, se mobilise pour trouver un toit, un travail… avec la complicité d’un cercle d’amis restreint. Entrée en Résistance, lors de son adhésion au NAP – mouvement de noyautage des administrations publiques - sous le pseudonyme de « Lecomte », elle fournit de vrais faux papiers, permet de convoyer des enfants juifs vers la Suisse pour éviter la déportation, sauve des familles de l’extermination, cache ou héberge des réfractaires au STO – service du travail obligatoire -, apporte soutien et secours aux combattants des maquis, l’Armée secrète, aux détenus tombés aux mains de l’occupant…
Celui qui veut oublier le passé est condamné à le revivre
Son combat ne cessera pas à la Libération. Fidèle à son idéal et à la « Mémoire », Jeanne Brousse œuvrera toute sa vie pour ce qui sera désigné dans les années 90 par l’expression devoir de Mémoire, allant à la rencontre des jeunes générations dans les écoles, les collèges et les lycées, afin de témoigner inlassablement.
Jeanne Brousse reçoit la médaille des Justes parmi les nations en 1973 des mains du consul général d’Israël à Paris, seule distinction civile créée pour honorer ceux qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont sauvé des juifs de la barbarie nazie. Bien d’autres titres honorifiques lui seront décernés : officier du Mérite combattant – services de renseignement, croix du Combattant volontaire de la Résistance, chevalier de l’Ordre national du Mérite, chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.
Elle décède à l’âge de 96 ans, le 19 octobre 2017 à Annecy.
N.B. : L’ensemble des photos et documents conservé aux Archives municipales d’Annecy a été confié par Michel Brousse, fils de Jeanne.
Aujourd’hui nous vous donnons rendez-vous face au lac, sur la promenade du Pâquier, devant la façade du Grand Hôtel Verdun. Bon nombre d’hôtes ont défilé ici au fil des siècles : le couvent des religieuses de Bonlieu au 17e siècle, une fabrique d’armes au 18e puis une manufacture de coton. C’est au cours du 19e qu’il accueille l’Hôtel de Genève.
Eugène Verdun acquiert les murs de cet hôtel vers 1850 et transforme le bâtiment sous la plume de l’architecte annécien Marius Vallin* en 1868. « Le seul qui soit en face du Lac et le plus près du débarcadère des Bateaux à vapeur et des Promenades » vante un encart publicitaire publié dans l’Album-guide international édité par Alfred Brocas, rédigé en anglais et en français, en 1894.
L’ex-Hôtel de Genève change alors de visage avec une nouvelle façade édifiée face au théâtre municipal et à proximité immédiate du canal du Vassé, à tel point que la porte d’entrée de l’hôtel donne immédiatement sur le canal du Vassé ! Eugène Verdun propose alors à la Ville de couvrir l’espace se trouvant entre le pont du Pâquier et l’entrée de l’hôtel, siège du futur pont Albert-Lebrun, à ses frais en 1868.
L’établissement accueille la suite impériale de Napoléon III en 1860 puis en 1912, année de la 1ère exposition industrielle et commerciale près de l’hôtel de ville : S.A.R. le Prince de Galles en séjour touristique, ainsi que de nombreuses personnalités dont des ministres, tels Jules Pams, ministre de l’Agriculture, en voyage d’études dans les Alpes, Fernand David, ministre du Commerce et de l’Industrie...
L’hôtel conserve le titre « de Genève » longtemps. Eugène Verdun finit par lui donner son propre nom. Sans descendance, il lègue tous ses biens dont son hôtel à la Ville d’Annecy en 1909. Eugène Verdun décède le 28 décembre 1911, « Le Verdun » sera ensuite exploité par René Leyvraz, lequel construit l’Impérial Palace en 1912, puis MM. Bruchon, Benaud et Cottet. La démolition de l’hôtel, du clos Bonlieu et de la villa Duparc démarre en janvier 1970 laissant place au futur Centre culturel Bonlieu.
* Marius Vallin, 1842-1889, construit le premier hôtel-restaurant du Semnoz, aménage les Gorges du Fier dont la passerelle à 27 mètres au-dessus du torrent, réalise les bâtiments de la Banque de France et le Grand Hôtel Verdun.
Cavalerie, voitures à pédales, manège,… les joies de l’enfance photographiées sur un siècle, de 1860 à 1960 environ :
- sur le Pâquier, « terrain de jeu » d’Annecy par excellence, avec les balades à dos d’ânes, en sulky attelé à Apoline, Wendy, Gibouille, Tempête ou Cheyenne, chevauchant la cavalerie de l’incontournable manège construit par Émilie Dufaux en 1906, ou les éternels petits chevaux apparus après la Seconde Guerre mondiale ;
- ou encore en famille, à l’école, en chariots, au volant de voitures à pédales,… Un autre Jeudi Archives viendra sur les « heures noires et grises » de l’enfance.
Voici l’histoire de la MJC des Romains ou celle d’une « entreprise de Romains » conduite par des Annéciens résolus « à faire quelque chose dans ce quartier ».
Début des années 70, ce quartier est l’un des plus importants de la ville avec ses 15 000 habitants. À l’initiative de certains d’entre eux et avec la participation de fédérations de parents d’élèves, l’Association de loisirs éducatifs et sportifs, l‘ALÉS, est créée en 1972.
La Ville d’Annecy leur met un local à disposition au 1, boulevard de la Rocade, en rez-de-chaussée de l’immeuble Le Mail, en janvier 1974 ; salle polyvalente, accueil avec bar, espace de jeux, le tout sur 210 m². Il s’agit de répondre aux besoins sociaux-culturels des jeunes aux personnes âgées du quartier. L’animation est confiée à ALÉS, jusqu’alors hébergée au foyer des jeunes travailleurs des Romains. Le centre social et éducatif jouxte la bibliothèque, le centre de protection maternelle et infantile et le centre médico-sportif.
Hiver 1977, dans le cadre de l’étude du Plan d’occupation des sols (le POS, ancêtre du Plan local d’urbanisme), une exposition-débat permet aux habitants du secteur de prendre connaissance et de réagir aux propositions de la Ville suite à l’écoute de leurs souhaits. Pierre Jacquier(1), conseiller municipal, dresse le bilan de l’opération en relevant que « Naturellement il faudra définir les priorités : quel espace livre créer le premier ? […] Naturellement, les aménagements devront être précisés, […] avec les usagers, qu’il s’agisse des arrêts de la nouvelle ligne de bus […] ou de l’implantation d’une maison pour les jeunes du quartier. ». Le projet s’installe.
Lors de l’assemblée générale d’ALÉS en 1980(2), il est proposé de substituer au nom d’ALÉS celui de « MJC Maison pour tous des Romains ». Les activités - danse, créativité, musique, yoga, photo, booms, gym 3e âge, expositions… - réunissent alors 229 enfants de 5 à 16 ans et 341 adultes. ALÉS compte alors plus de 600 adhérents… L’espace commence à manquer ! Avril 1980, décision est prise de construire un « Mille Club »(3) amélioré, c’est-à-dire avec une salle en sous-sol, derrière la Rocade. Août 1982, l’avenue des Romains fait peau neuve entre la Rocade et la rue du Forum, puis jusqu’à la place des Romains, avec priorité aux piétons et aux cyclistes. Non loin, au 28 avenue du Stade, les travaux de la Maison de quartier des Romains s’achèvent pour une ouverture en automne. Jeux de boules, jeux pour enfants, ainsi que le Mail des Romains sont aménagés pour jouxter l’équipement.
La « MJC Maison pour tous des Romains » ouvre ses portes au public début septembre 1982, le nombre d’adhérents explose à 1 000 ! Mai 1987, la MJC fête ses 15 ans. Forte de « 70 activités différentes, un millier d’adhérents de tous âges, et un rôle bien joué au service de l’éducation populaire authentique ». Rançon du succès : l’extension s’impose.
(1) Quelques mots à propos de Pierre Jacquier (1927-2000).
« L’homme a droit à la pensée, comme il a droit à la lumière, à l’eau pure et à l’espace naturel . »
Agrégé de Lettres modernes, sociologue attaché au CNRS, professeur aux lycées Sommeiller puis Lachenal. Engagé dans les recherches conduites par Joffre Dumazedier, sociologue, fondateur de « Peuple et Culture » (1953-1958) ; Travail qui aboutira à la publication de « Vers une civilisation de loisirs » en 1962. Pierre Jacquier entre au conseil municipal en 1964, il préside la commission des affaires culturelles à une époque bouillonnante d’idées et florissante de projets. 18 années dédiées à la vie publique pendant lesquelles il portera notamment la création de la bibliothèque de Bonlieu, la mise en place des bibliothèques de quartier, accompagnera les MJC en mutation, sera l’un des créateurs d’Annecy Action Culturelle qui deviendra le Centre d’Action Culturelle de Bonlieu, aujourd’hui Bonlieu Scène nationale, il présidera à l’association du festival du cinéma d’animation de 1980 à 1984.
(2) En 1980, l’association compte 14 animateurs (10 vacataires et 4 bénévoles) et un animateur permanent.
(3) En 1967, François Missoffe, ministre de la jeunesse et des sports, lance un programme en direction de la jeunesse : 1 000 bâtiments destinés aux activités culturelles vont être offerts dans toute la France. Une opération baptisée « Mille-Club » car il était prévu que seules 1 000 structures de style préfabriqué soient proposées aux communes intéressées. En réalité, elles seront bien plus nombreuses et avoisineront les 2 300 sur l’ensemble du territoire.
Issue de la collection des Archives, voici une sélection de cartes dites « à système » spéciale Saint-Valentin. Ces « drôles de cartes », hautes en couleurs, souvent bourrées d’humour, tour à tour kitsch, naïves, coquines ou encore misogynes, mettent la créativité des éditeurs et dessinateurs de l’entre-deux-guerres en lumière. Elles créent le décor de l’exposition dédiée aux années 20-30 à découvrir aux Archives municipales jusqu’à la fin 2022. Une suggestion : les utiliser pour déclarer votre flamme lundi prochain;)
« De ton Valentin », origine de la fête des amoureux...
C’est le mot d’adieu laissé par Valentin, jeune évêque, à la fille de son geôlier avant d’être décapité en 270 pour avoir continué à célébrer des mariages. Mi-février, la tradition d’envoyer des cartes de la Saint-Valentin fut imposée aux jeunes Romains. Vers le 16e siècle, Cupidon, fils de Vénus, déesse de l’Amour, figurait sur ces cartes, blessant les cœurs de ses flèches.
Saint-Valentin et le « bal des oiseaux »
Selon des croyances anglo-saxonnes, pour les jeunes filles, arborer un crocus jaune à sa boutonnière multiplierait les chances de rencontrer l’élu de leur cœur. En outre, l’observation des oiseaux permettrait d’obtenir des indices sur son amoureux. Ainsi une jeune célibataire pourrait, en observant la nature, connaître son futur bien-aimé selon le premier oiseau qu’elle aperçoit ce 14 février : un merle annonce un homme d’église, un rouge-gorge, un marin, un moineau, un fermier, un chardonneret, un homme riche, un bec-croisé, un homme raisonnable, et une colombe, un homme bon. Le pivert lui prédit qu’elle restera seule.
Cela dit, observez bien le « bal des oiseaux » ce lundi 14 février… il paraîtrait qu’ils se choisissent ce jour-là pour nicher ensemble le reste de l’année.
Au départ, un ambitieux projet d’urbanisme au bord du lac
Dès 1835, l’île marécageuse sur laquelle siège notre « maison commune », l’hôtel de ville, fait l’objet d’un concours pour être aménagée. Un nouveau quartier hors du périmètre médiéval, devenu trop étroit, doit être créé. Au programme : remodelage et assainissement de l’île, à entourer de quais, à doter d’un port, d’une halle au blé, d’une école, d’un hôtel de ville, d’immeubles d’habitation et d’un jardin public.
Plusieurs projets sont présentés puis l’architecte Samuel Vaucher-Crémieux (1798-1877), célèbre pour ses réalisations genevoises, est sollicité pour les retravailler. Le résultat, surdimensionné, ne sortira jamais de terre. Seuls l’école (1839-1843), l’hôtel de ville (1847-1855) et le jardin à l’extrémité de la presqu’île (1855-1859) seront réalisés. Non sans aléas pour l’hôtel de ville, car en 1845, les propositions de Samuel Vaucher-Crémieux sont adoptées mais aucune entreprise ne veut le construire pour le prix demandé, jugé irréaliste. Le dossier est confié à l’ingénieur sarde, François Justin. Son plan, redimensionné, est adopté en 1846. L’entrepreneur Auguste Désarnod obtient le chantier, l’hôtel de ville est édifié en 8 ans. Son inauguration se déroule du 24 au 27 juillet 1857 à l'occasion du concours international de tir. Entre temps, les tout premiers occupants se sont installés en 1851 (tribunal, intendance générale, télégraphe, bibliothèque, musée…). Les services municipaux arrivent à partir de 1855 (avec 9 agents en 1860) avec divers locataires dont l’Académie florimontane, le commissariat de police, l’école de dessin, une succursale de la Banque de France, le laboratoire de chimie….
Quelques chiffres au fil du temps
À l’origine, le bâtiment comptait un entresol de 2,50 m de hauteur, un 1er étage de 5,50 m, un 2nd étage de 4,40 m et un niveau de combles. Dans la seconde partie du 20e, des niveaux intermédiaires ont été créés. Seules les galeries et les salles d’apparat du 1er étage ont conservé leur volume d’origine. En 1860, les 11 consoles de pierre supportaient les 8 tonnes de la balustrade extérieure. Elles furent accrochées à une dalle en béton armé en 1985 pour éviter toute nouvelle chute de corbeau. En 1969, les combles ont été aménagés pour accueillir les Archives municipales, installées à Galbert depuis 2014. La surface nette de plancher, à l’origine de 7 140 m2 environ était, avant l’incendie, de 8 898 m².
Et de la couleur !
Plans et lithographies d’Annecy témoignent de sa palette polychrome des années 1800. Avec l’outrage du temps les couleurs perdirent leur éclat ; Annecy se vivait en noir, gris, blanc, beige… jusqu’en 1969 avec les premiers essais polychromes sur les façades. C’est ainsi qu’au printemps 1974, les façades de la mairie sont ravalées pour se parer de rose saumon. Fin 1976, la Ville crée une commission « couleurs » et la palette de la ville sera ravivée à partir de 1985 avec les 1ers essais d’ocre rouge et sable, de rose saumon et de vert.
Pour aller plus loin
Diverses publications des Archives municipales d’Annecy sont à votre disposition afin d’enrichir votre découverte de l’histoire de l’hôtel de ville à travers le temps.
* Site de l’ancien clos des Visitandines.
Chaque 2 février, jour de la Chandeleur, l’envie irrépressible de savourer des crêpes revient. Mais au fait, quelle est l’origine de la Chandeleur ?
A l’origine, la Chandeleur est une fête païenne. En 472, le Pape en fait une fête religieuse et les processions aux chandelles ont lieu. Le cierge béni est chargé de pouvoirs ; quelques gouttes de sa cire versée sur des œufs à couver en assurent une bonne éclosion, sa flamme protège de la foudre si on l'allume pendant l'orage… Par ailleurs, un mythe lointain voudrait que faute de crêpes à la Chandeleur, le blé serait malade pour l'année.
Comment procéder ? Faire sauter la première crêpe avec la main droite tout en tenant une pièce d'or dans la main gauche. Puis, enrouler la pièce d'or dans la crêpe avant de la porter en procession jusque dans la chambre et la déposer en haut d’une l'armoire jusqu'à l'année suivante. Un an plus tard, récupérer les débris de la crêpe et donner la pièce d'or au premier pauvre venu. En respectant ce rite, la famille est assurée d'avoir de l'argent toute l'année. Celui qui retourne sa crêpe avec adresse, sans la laisser tomber à terre ou de la rattraper sous la forme navrante de quelque linge fripé, celui-là aura du bonheur jusqu'à la Chandeleur prochaine !
L’histoire ne s’arrête pas là, certaines croyances cultivent un lien étroit avec la météo… Ainsi si l’ours sort de sa tanière le jour de la Chandeleur sous une douce température et qu'il voit le soleil, il retourne vite reprendre son hibernation sachant que le beau temps ne durera pas. Chez nous, la marmotte voyant son ombre en sortant de son terrier fait demi-tour pour continuer à hiberner car elle sait que l'hiver va encore durer.
La légende (et sa variante) aurait été inventée à Monte-Carlo (ou à Paris) en janvier 1896 (ou en 1890) par Auguste Escoffier, chef de cuisine au Grand Hôtel (ou au Café de Paris), pour le Prince de Galles, futur roi Édouard VII, fils de la Reine Victoria. Celui-ci était accompagné par une certaine Suzette ; Suzanne Reichenberg. Le chef Escoffier propose au Prince de lui dédier cette recette, ce à quoi il aurait répondu : « je n’en suis pas digne, nous donnerons plutôt à cette chose exquise le nom de cette jeune personne qui est avec moi ». Ainsi avons-nous échappé à la crêpe Édouard ! Il appartiendra aux comédiens du Théâtre-Français de s’emparer de cette anecdote en la mettant en scène.
Contrairement à la Chandeleur, la date du Mardi Gras n’est pas fixe, certes c’est un mardi ! Mais la date dépend de Pâques, en 2022, ce sera le 1er mars… Une prochaine histoire ?
Aujourd'hui, plus de processions aux chandelles et autres rites mais la tradition est conservée. Quoi qu'il arrive mercredi prochain, 2 février, qu’il fasse beau, froid, pluvieux ou neigeux, n'hésitez surtout pas à confectionner et à savourer des crêpes !
À découvrir jusqu’à la fin 2022 : l’exposition conçue par les Archives municipales sur « Annecy, les années 20-30 s’animent », nous restons au cœur de cette période avec d’extraordinaires photos des années 1932 et 33, une chansonnette créée à la Scala dédiée aux crêpes, petites chroniques extraites de la presse féminine des années 20-30, des recettes de crêpes savoyardes suivies des celles du Grand Chef Escoffier. Le tout est à déguster sans modération !
Avec tous nos remerciements à la Bibliothèque nationale de France, à Gallica
et aux Bibliothèques patrimoniales de la Ville de Paris dont la Médiathèque Musicale de Paris.
Claude Gay naît en 1837 au hameau de La Chaz du village des Clefs, au sein d’une famille de colporteurs de draps dans la région et jusqu’aux Ardennes. Un « excentrique », voire un « exhibitionniste » pour certains, un artiste, grand voyageur, écrivain pour d’autres, Claude Gay cultive très jeune une vive imagination alliée à une grande curiosité.
À 19 ans, il se lance dans le commerce du bois, acquiert des terrains à Annecy (entre la rue Carnot et le boulevard du Lycée actuellement), y construit un chalet original en décorant les boiseries extérieures de scènes de vie montagnarde. Toute la Haute-Savoie se déplace alors pour admirer cette fresque. Fabricant de maquettes miniatures de chalets, musicien en dilettante sur une vielle ou sur l’ancêtre du piano, « animateur de quartier » lorsqu’il place, sur son balcon, l’un des tout premiers gramophones vendu à Annecy… ce fantaisiste-quêteur assure l’ouverture des cavalcades d’Annecy, au début du 20e siècle, en arborant une tenue issue du folklore savoyard matiné de bavarois.
Équipé de son paret, sur les flancs de la Grande Jeanne, il prend la pose pour la postérité pour Auguste Gardet, éditeur de cartes postales à Annecy, se vantant d’être l’un des pionniers des sports d’hiver. En 1905, il rédige dans un français truffé de patois « Récits des coutumes antiques des vallées de Thônes »*, rare témoignage sur la vie rurale haut-savoyarde au 19e siècle. La honte de la famille grandit, elle confisque et brûle une partie de l’édition.
Longtemps avant sa mort, il faisait volontiers visiter son caveau, à l’aide d’une échelle afin que les curieux se rendent compte de son confort à venir ; un caveau « hors les murs », situé à côté et non dans le cimetière des Clefs. Il y repose depuis le 25 décembre 1911.
* Une petite publication à découvrir aux Archives municipales d’Annecy, elle nous livre les modes de construction des chalets, pressoirs, moulins, granges… ainsi que les coutumes sur les veillées, fêtes et noces.
Qu’affichaient les murs d’Annecy il y a 130 ans ? Acte 2
Entamons la nouvelle année dans les rues d’Annecy autour de 1892, suite et fin.
Rue Grenette, les immeubles sont en cours de démolition et les affiches résistent dont celle des excursions pittoresques des Gorges du Fier. Rues de l’Isle et Perrière, la marque Picon tient le haut du pavé et les afficheurs s’en donnent à cœur joie.
Petit tour d’horizon avec...
- l’extrait d’absinthe A. Junod de Pontarlier, l’une des affiches s’apparentant aux étiquettes ;
- l’incitation à boire se poursuit avec le rhum d’assemblage de différentes sucreries des Antilles, Chauvet marque multi-médaillée, créée en 1880 ;
- de l’alcool au chauffage, il n’y a qu’un pas, que nous franchissons avec les poêles Godin de la Société du Familistère, « le vrai poêle hygiénique » ! ;
- restons dans le chauffage avec les boulets d’anthracite des mines de La Mûre, près de Grenoble, « le chauffage des ouvriers » ;
- l’essentiel c’est de « se méfier des imitations » et d’exiger les bonbons John Tavernier, un Anglais qui importe des « drops » sur le continent ;
- Enfin, terminons avec la Revue Horticole, sous la plume du chef jardinier des pépinières du Muséum national d’histoire naturelle Élie-Abel Carrière et d’Édouard André, paysagiste-botaniste de renom, à une époque de profusion de revues horticoles.
Qu’affichaient les murs d’Annecy il y a 130 ans ? Entamons la nouvelle année dans les rues d’Annecy autour de 1892. (Acte 1)
La « réclame » envahit les murs et arcades de ce qui deviendra plus tard la « vieille ville ». Un lieu d’affichage est fort convoité, il s’agit de l’angle des rues Filaterie et Grenette. Toujours rue Grenette, les murs des immeubles à démolir sont couverts d’affiches. « La première femme colleuse d’affiches » en action à Paris nous donne une idée de ce labeur.
Petit tour d’horizon avec...
- les fêtes du Centenaire de République française et de la Réunion de la Savoie à la France, célébrées début septembre 1892 à Chambéry en présence du président Sadi Carnot, puis plus modestement à Annecy le 22 septembre ;
- la société PLM, Paris-Lyon-Méditerranée, vend ses services « directs et rapides » pour la saison estivale de 1892, de l’Angleterre, à la France, la Belgique, la Suisse et l’Italie ;
- les planches du théâtre municipal d’Annecy accueillent les « succès parisiens » avec des vaudevilles et « Madame Mongodin » en tournée provinciale ;
- le café de Glands doux, une formule mise au point en 1833 par Henri Lecoq pour concurrencer le café inaccessible aux bourses modestes. Il s’agit d’un mélange composé de chicorée, de céréales et de glands provenant du Maroc, d’Algérie ou d’Espagne, « très efficace pour les migraines… fortifiant pour les enfants… il détruit les propriétés irritantes du café des îles… et donne de l’embonpoint » ;
- les biscuits Georges, fabriqués à Courbevoie, véritablement « les meilleurs et les plus appréciés pour le dessert et le goûter des enfants » ;
Ces trésors, soit plus d’un demi siècle de réclame de 1860 à 1918 sont visibles aux Archives municipales. L’une des plus grandes mesure un peu plus de 2,50 mètres de haut ! On imagine le travail accompli par l’afficheur municipal à cette époque…
À découvrir : la série en 4 tomes de « À l’affiche à Annecy 1860-1918 : plus d’un demi siècle de réclame ».
« Émotion et poésie hivernales » avec ces photos sur plaques de verre de plus de 100 ans :
- les scènes de patinage dans les marais de la presqu’île d’Albigny (actuel parc Charles-Bosson),
- une « photo-mystère » avec un photographe en action, photographié au bord du lac (le long de l’avenue d’Albigny) – cette vue comporte non pas 3 personnages, mais 5, à vous de les trouver !
- une touriste prenant la pose devant l’île des Cygnes,
- un adolescent, quai de l’Ile, près palais de l’Ile,
- des promeneurs le long de la voie ferrée, au tout début de l’actuelle avenue de Brogny,
- deux irrésistibles enfants à Duingt, dont on aperçoit le château en arrière-plan,
- et autour du lac d’Annecy, une famille de paysans, l’hivernage des ruches se prépare.
Après une visite à Courchevel pour obtenir des précisions sur les performances d’un appareil de déneigement dénommé « Snow-boy », la Ville d’Annecy acquiert l’engin assurant « toute satisfaction quant au déblaiement rapide des rues et des lieux de stationnement des voitures, de même quant à la maniabilité de l’appareil et à son prix de revient ».
Déjà utilisé à Alpes d’Huez et, depuis longtemps, dans tous les pays connaissant des chutes de neige, de la Finlande à l’Italie du Nord et du Canada au Chili, le chasse-neige est commandé auprès de l’entreprise Guillaud, importateur de Grenoble, fabriqué par la firme Rolba S.A. de Zürich.
Sa livraison en gare d’Annecy se fera le 15 décembre 1951. Cet hiver-là, sa mise en service sur les 80 km de voies urbaines que compte alors la ville crée un événement.
Il y a 120 ans, le 3 juin 1901, la ligne de chemin de fer qui relie Annecy à Albertville est inaugurée. Ce n’est pas la première. En effet, la Savoie était française depuis un mois et demi lorsque Napoléon III, soucieux de s'attacher ses nouveaux sujets, signe en 1860, un décret déclarant d'utilité publique la construction d'un chemin de fer reliant Annecy à Aix-les-Bains.
L’inauguration de cette ligne et de la gare d'Annecy a lieu le 3 juillet 1866. Ce nouvel équipement est géré par la compagnie de chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, plus connue sous le nom de PLM. À noter aussi, l’ouverture de la ligne de La Roche-sur-Foron en 1884.
Dès 1902, la place de la Gare est éclairée à l'électricité fournie par les Forces du Fier, c'est une 1ère pour Annecy. Avec le développement du tourisme la gare accueille de plus en plus de voyageurs, des travaux d’agrandissement et d’embellissement doivent être entrepris. Ce sera chose faite en 1930, avec le remplacement de la marquise à l'entrée et l’extension de la véranda du buffet.
1969-1979, du service mécanographique au... service municipal de l’informatique ! Un Jeudi archives en forme d'hommage et de soutien aux agents de la Direction des usages numériques et des système d'information (DUNSI) suite à la cyberattaque dont a été victime les services informatiques de la Ville le 6 décembre dernier. En septembre 1974, le Bulletin municipal d’informations de la mairie d’Annecy consacre deux pages au développement de l’informatique à la mairie, puis en 1979, il dresse le portrait du service municipal de l’informatique, retrace ses premières heures en 1969 et son « démarrage prudent avec la carte perforée, fabriquée aux papeteries de Cran-Gevrier. Disque magnétique, télétraitement... les tout premiers services informatisés, dont le prêt à la bibliothèque municipale et la comptabilité, sont au programme.
Un récit en images, avec nos collègues aux claviers, devant leurs écrans, entre fiches et disques.
Raconter les années 20-30 à Annecy c’est raconter comment une bourgade de 15 000 habitants devient la 2e ville de France après Paris pour son modernisme et voit sa population augmenter de 55% en 15 ans. Raconter Annecy pendant cette entre-deux-guerres, c’est essentiellement raconter l’histoire de son maire, Joseph Blanc. Un maire détenant, entre autres, le record de longévité avec pas de moins de 31 années de mandat dédiées à sa ville pendant une période particulièrement complexe de l’histoire.
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Tous les curseurs sont au vert à Annecy pendant l'entre-deux-guerres : l'industrie et l'innovation fleurissent, la ville se développe, s'équipe, le tourisme explose… Joseph Blanc*, son maire depuis 1909, sera véritablement l'homme de la situation jusqu'à son décès à 78 ans en janvier 1941. Ce républicain de gauche est sur tous le fronts, il œuvre avec pugnacité afin d'accompagner la formidable poussée urbaine, de développer l'instruction, le soutien aux familles déshéritées, d'améliorer l'hygiène de la cité et de l'aménager pour les Annéciens et les touristes.
Parmi les acteurs majeurs de cette période, citons Jules Barut et Léon Laydernier les deux pionniers du développement industriel et touristique, Marius Ferrero "le soldat du mal logement" et Claudius Gallet "le bon docteur" lesquels entourent, avec une confraternité bienveillante, l'infatigable passionné, Joseph Blanc.
Raconter les années 20-30 à Annecy, plonger dans le siècle passé de notre cité, c'est ce que vous proposent les Archives municipales d'Annecy à travers l'exposition "Drôles de cartes postales : Annecy, les années 20-30" présentant notamment 9 vidéos-fictions créés à partir des photos de l'époque.
Soyez curieux… Trésors et histoire(s) à découvrir aux Archives municipales d’Annecy !
* Issu d'une famille de paysans de Saint-Jorioz en 1863, Joseph Blanc sera instituteur, professeur au lycée Berthollet pendant près de 20 ans, co-créateur, avec Claudius Gallet, de l'œuvre des enfants à la montagne, de l'œuvre des cantines scolaires, de la maison de l'enfance, de la colonie de Leschaux dédiés aux enfants de familles pauvres d'Annecy, fondateur de l'association des maires de la Haute-Savoie, de l'amicale du personnel municipal. Il devient maire à 45 ans et sera réélu 5 fois, conseiller général, puis président du conseil général, sénateur suite à la disparition de son ami, le "bon docteur" Claudius Gallet.
Janine, Gisèle, Paul et les autres… ce dimanche 8 août 1937, sous un soleil ardent, une centaine de « petites bouilles » inaugure la colonie de vacances de Leschaux, la « colonie Joseph Blanc », destinée aux enfants de familles déshéritées d’Annecy.
C’est en 1907 que l’idée de créer l’œuvre des Enfants à la montagne germe. « De tout temps un changement d’air et de climat a été reconnu utile à la santé, et ses bienfaits, d’abord réservés aux favorisés de la fortune, s’étendirent peu à peu, par application des principes de solidarité sociale, aux enfants moins favorisés, aux malingres des quartiers populeux et pauvres de nos grandes cités… Annecy fut une des premières villes à entrer dans la voie réalisatrice des colonies de vacances. »
Le docteur Claudius Gallet, conseiller municipal et sénateur, le « bon docteur » des familles modestes d’Annecy sera l’initiateur de cette œuvre avec une grande première à Saint-Jean-de-Sixt pour une vingtaine d’enfants, 21 jours de grand air, pendant 6 ans… jusqu’à la Grande Guerre. Le docteur Gallet décède en 1936, c’est son ami, Joseph Blanc, sénateur-maire d’Annecy qui donnera naissance à la colonie de Leschaux un an plus tard. Lors de l’inauguration, Joseph Blanc confiera qu’il venait d’éprouver la plus grande satisfaction de sa vie publique.
Pour accueillir 100 « petits colons », du 24 juillet au 18 août, puis 100 de nouveau, du 18 août au 15 septembre 1937, il aura fallu trouver et acquérir un terrain, réaliser la voie d’accès, construire un vaste bâtiment, alimenter en eau potable… La direction est confiée à Mlle France Chappaz, l’économat et la cuisine à une cuisinière et ses trois aides, six équipes d’instituteurs se relaient pour la surveillance, il en est de même pour deux infirmières. Bref, en septembre 1938, un article de L’Industriel Savoisien note que « Presque tous les colons ont augmenté de poids : la moyenne de cette augmentation a été de 500 grammes ; mais certains ont accusé jusqu’à 2 kilos. »
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Une autre initiative à l’égard des tout jeunes enfants et de leurs mères se concrétise avec la Maison de l’Enfance, œuvre de l’architecte Henri Adé, édifiée en 1932-1933, tout près de l’hôtel de ville. Elle comporte trois services : la Goutte de Lait, les consultations des nourrissons et la crèche-garderie. Durant les 365 jours de 1938, la Goutte de Lait distribue 130 299 biberons soit sur place, soit à domicile. Une partie est gratuite pour les familles nécessiteuses. Quant au prix, il est variable en fonction des situations familiales.
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Enfin, rappelons qu’au sortir de la Grande Guerre, la question du repeuplement fait partie des grandes préoccupations nationales. On redouble d’imagination... À l’instar d’une marque de savon qui créé le concours du « bébé Cadum », la « sympathique Direction de la Plage d’Annecy » lance celui du « plus joli bébé » le dimanche 1er août 1937. Les enfants de 1 à 6 ans pourront participer et l’on considère que plus de 100 petits « minois » prendront part à ce concours.
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Retrouvez cet épisode de l’entre-deux-guerres, et bien d’autres encore, en vidéo-fiction, en visitant l’exposition créée par les Archives municipales d’Annecy : « Drôles de cartes postales : Annecy, les années 20-30 s’animent ».
Soyez curieux… Trésors et histoire(s) à découvrir aux Archives municipales d’Annecy !
Pour Annecy, la petite provinciale, les décennies 1920 et 1930 sont des années de prospérité économique et touristique, et ce, malgré la crise qui secoue la France de 1931 à la Seconde Guerre mondiale.
Selon l’expression de Raoul Blanchard*, « les succès industriels et touristiques attirent les hommes ». Ainsi après-guerre, Annecy connaît un rapide et intensif développement, une grande partie de l’accroissement de sa population vient des apports extérieurs. En 1921, la ville compte 15 004 habitants, en 1936, on en dénombre 23 293, soit une augmentation de 55% en 15 ans, avec un gain de 8 289 citoyens. Chambéry, sa voisine, passe de 20 617 habitants en 1921 à 28 073 en 1936, soit un gain de 36%.
En effet, la Grande Guerre va grossir les rangs des industries déjà présentes avec l’installation d’usines de roulements (SRO) fin 1917, de bijouterie mécanique (Zuccolo Rochet, Laminor) et de fabrication de pierres synthétiques (Baïkowsky qui deviendra Baikowski). À côté de ces « poids lourds », un grand nombre d’ateliers s’établit à Annecy et y prospère : confection, appareils radio, construction mécanique, poupées en celluloïd (Grillet), facteur d’harmoniums, produits cosmétiques, casseroles et accessoires automobiles. Les scieries et le façonnage du bois (bois de galoches, charpente…) sont en pleine activité. Dans le secteur de l’alimentation, on retiendra la chocolaterie industrielle de Charles Ruphy et les minoteries Cléchet et Goud.
En 1936, le personnel employé dans tous ces ateliers représente un peu plus de la moitié de la population active.
La problématique du mal-logement se corse. La mise en œuvre d’un service public du logement social tiendra à l’engagement et à l’énergie sans borne de Marius Ferrero. Ce fils d’immigrés italiens, aide-maçon à 14 ans… petit commerçant puis industriel (équipements militaire et confection), deviendra maire d’Annecy en 1904, puis président de la chambre de commerce et d’industrie de Haute-Savoie de 1926 à 1952. Les tout premiers HBM – Habitations à bon marché – des 2 et 4 rue du Général-Pershing s’élèvent en 1932.
Au-delà des constructions importantes réalisées soit sur les terrains de l’ancienne caserne Decouz, soit rues Royale, de la Gare et de la Poste, il a été construit de 1929 à 1934 inclus, 387 immeubles, représentant 922 appartements. Les très nombreuses maisons nouvelles édifiées dans la banlieue ont nécessité l’ouverture de 2,8 km de rues entre 1929 et 1935 : Louis-Boch, du Coteau, des Alpes, des Près-Riants, Aimé-Levet, Louis-Chaumontel, des Prévoyants, du Repos, etc. La ville s’égaye dans la plaine des Fins, vers Cran et Annecy-le-Vieux.
Pour maîtriser cette expansion quelque peu incontrôlée, le conseil municipal vote un plan d’aménagement et d’extension de la ville, confié à l’architecte-urbaniste parisien, Jacques-Marcel Auburtin. Il est déclaré d’utilité publique en juillet 1927. 28 ans plus tard, en 1955, ce même plan d’aménagement sera toujours utilisé.
*Raoul Blanchard (1877-1965), géographe et enseignant à l'université de Grenoble. Auteur, entre autres, de Annecy, essai de géographie urbaine, Société des Amis du Vieil Annecy, 1957.
11 novembre 1918, 11h15, le préfet de la Haute-Savoie reçoit un télégramme annonçant la signature de l’armistice le matin même à 5 h. L’effroyable Grande Guerre est terminée, 1 500 000 combattants français sont tombés. 11h30, la trompette municipale prend alors le relais pour inviter les Annéciens à un grand rassemblement devant l’hôtel de ville à 15h. Lorsque le maire, Joseph Blanc et les conseillers municipaux paraissent au balcon, la place est noire de monde. Les acclamations s’élèvent suite au discours du maire, toutes les cloches sonnent. Une immense fête patriotique organisée à la hâte par la mairie débute à 15 h, se poursuit en soirée par un concert, sous les feux d’artifice.
L’année suivante, l’hommage « aux glorieux Défenseurs Morts pour la France » se déroule le dimanche 2 novembre.
Le 11 novembre 1920 célèbre à la fois le cinquantenaire de la 3ème République et la fin victorieuse de la Grande Guerre. Un siècle plus tard, revenons sur cette journée si particulière à Annecy.
Le monument aux combattants de la Haute-Savoie
Actée en mai 1921, la création d’un monument départemental à la gloire des combattants de la Grande Guerre est confiée au sculpteur Philippe Besnard, fils du peintre parisien Albert Besnard, directeur de l’école des Beaux-Arts et membre de l’Académie française, lequel possédait une villa à Talloires. Recueillir des fonds demande plusieurs années ; toutes les communes de France sont à l’œuvre… Le monument est finalement inauguré le dimanche 12 septembre 1926. À l’entrée de la promenade du Pâquier, (actuellement place de la Libération). Il sera transféré place du Souvenir en 1977 pour permettre la construction d’un ensemble immobilier à l’intérieur du clos Bonlieu.
Retrouvez cet épisode de l’entre-deux-guerres, et bien d’autres encore, en vidéo-fiction, en visitant l’exposition créée par les Archives municipales d’Annecy : « Drôles de cartes postales : Annecy, les années 20-30 s’animent ».
Les travaux de construction de Bonlieu commencent en août 1978 ; ils dureront 3 ans 1/2. Avant de lancer le chantier, la Ville acquiert terrains et bâtiments entre 1962 et 1968.
C’est l’hôtel Verdun qui, le premier, en 1969, tombe sous la pioche des démolisseurs. Les autres bâtiments disparaîtront en 1971.
Quelques chiffres pour mesurer l’ampleur du chantier : terrain 14 000 m2 ; parc 4 700 m2 ; emprise au sol 9 587 m2 ; surface « habitable » 19 161 m2 ; 2 niveaux de parking souterrain.
À suivre prochainement, acte 3 consacré à l’ouverture de Bonlieu !
15 octobre 1981 : Bonlieu est inauguré ! Retour sur cette incroyable histoire en 3 actes.
Jusqu’au 17e siècle, ce terrain appartient à la famille de Montgaillard, avant d’accueillir le couvent des religieuses Bernardines (1640-1753) puis les cisterciennes, originaires du lieu-dit Bonlieu, paroisse de Sallenôve. D’où le nom !
À la Révolution, un entrepreneur installe une manufacture d’armes dans les bâtiments conventuels remplacée, en 1800, par une fabrique de vitriol puis par une annexe de la Manufacture que son directeur M. Laeuffer rachète pour en faire son hôtel particulier. À proximité, Antoine Pradier crée l’hôtel de Genève dont Eugène Verdun fera l’acquisition en 1850.
Les 1ères réflexions autour d’un projet naissent en 1963. Trois conseils municipaux successifs débattent sur une bonne dizaine de projets conçus par les architectes Maurice Novarina et Jacques Lévy, maquettes à l’appui. Le 1er d’entre eux s’articule autour d’une bibliothèque et d’une tour-hôtel de 20 à 30 étages destinée à « créer un choc vertical, un signal » pour reprendre les termes de M. Novarina. Le « choc vertical » n’aura pas lieu, une version basse lui sera préférée. Le projet est définitivement approuvé fin 1974, les travaux commencent en 1978.
À l’occasion du centenaire du code la route, créé en mai 1921, les Archives municipales ont sélectionné des photos spectaculaires d'embardées dans les rues d'Annecy prises dans les années 60.
Une sortie de virage au pont de Brogny, un camion dont les freins ont lâché pour basculer dans le Thiou, … ainsi qu’un appel à la prudence dans les colonnes de l’Industriel Savoisien en 1934, « Le code de la route des petits écoliers ».
En novembre 1929, un savoureux billet sur « La psychologie de l’automobiliste » posait déjà ces interrogations : « La circulation automobile devient une lutte de jour en jour plus discourtoise, faut-il donc que, par la faute de la locomotion nouvelle, le peuple le plus poli de la terre perde sa réputation ? Faut-il que des gens bien élevés qui se font des politesses à pied devant une porte d’entrée, deviennent des pignoufs au volant de leur voiture ?».
Prenez soin les uns des autres, dans une semaine se déroulera la journée nationale de la sécurité routière.
Le 25 février 1969, les Nouvelles Galeries d’Annecy sont inaugurées en grande pompe, au cœur du quartier du Parmelan. 8 000 m² dédiés à la confection, aux articles ménagers, à la décoration… font alors le « Bonheur des Dames » si bien accueillies par le sourire des vendeuses et vendeurs.
Cet « ovni architectural », emblématique du 20e siècle, est signée Antoine Dory, inspiré par le bâtiment du magasin Macy’s situé dans le Queens à New York.
Rénové en 2000 puis en 2007, cet édifice est labellisé Patrimoine du 20e siècle en 2003. Dans le même temps, les Nouvelles Galeries rejoignent le groupe des Galeries Lafayette. Aujourd’hui une grande métamorphose est en cours…
Soyez curieux… Trésors et histoire(s) à découvrir aux Archives municipales d’Annecy !